AVALONIA, L’ÉTRANGE VOYAGE : chronique

23-12-2022 - 11:27 - Par

AVALONIA, L’ÉTRANGE VOYAGE : chronique

À la fois épopée SF rétro et plaidoyer écolo malin, AVALONIA tente de lier nostalgie et modernité avec pas mal de talent. Mineur peut-être, mais très attachant.

 

AVALONIA n’est peut-être pas le Disney le plus radical, le plus ambitieux, le plus émouvant ou même le plus spectaculaire. Pourtant, à sa manière, discrète et touchante, il se révèle étonnamment malin et charmant. Si le film n’a rien d’une démonstration de force, c’est peut-être parce que c’est tout son sujet : hommage au récit d’aventure à la Jules Verne, pastiche des SF pop des années 1950/1960 (de Ray Harryhausen à Jack Arnold en passant par LE VOYAGE FANTASTIQUE), AVALONIA utilise le genre pour questionner la toute-puissance du héros masculin. Jaeger Clade, père héroïque et aventurier, adulé de tous, rêve que son fils, Searcher Clade, timide scientifique, marche dans ses traces. Mais lors d’une expédition, les deux se brouillent, Jaeger disparaît et Searcher fait une découverte qui va changer le monde. Évidemment, tout le récit sera de réconcilier ces deux-là. Mais pour que l’ancien et le moderne s’écoutent et apprennent à dialoguer, le film a l’intelligence de créer une troisième figure masculine, Ethan Clade, fils de Searcher. Une nouvelle génération, hyper contemporaine (oui, il s’agit bien ici du premier héros ouvertement LGBTQ+ chez Disney), qui pose un regard perplexe sur les névroses du père et les faits de gloire viril de ce grand père qu’il n’a pas connu. Par un tour de passe-passe scénaristique, les voilà bientôt tous les trois réunis dans une expédition au cœur d’un monde étrange. Et là, on en prend plein les yeux. À la fois figuratif et abstrait, le monde d’AVALONIA est une merveille d’invention visuelle, où les formes prennent vie et dessinent un monde préhistorique mutant où tout semble à la fois beau et terrifiant. Une animation à la fois très sophistiquée et quasi désuète dans sa façon de susciter l’imaginaire du spectateur. Là, dans ce monde aux contours inconnus, l’épopée de nos trois héros, bien entourés par deux chouettes personnages féminins (Meridan Clade, maman façon Han Solo et Callisto Mal, mairesse baroudeuse), un chien à 3 pattes irrésistible et une créature élastique tout droit sortie de LA LINEA, devient une lutte pleine d’action pour la survie. Le canevas est balisé et AVALONIA remplit son contrat avec efficacité. On s’amuse des trouvailles, on s’émerveille de ce monde protéiforme et quand le film révèle enfin son vrai sujet (les plus cinéphiles l’auront sans doute vu venir, tant le récit est parsemé de clins d’œil à un film culte des années 1960), l’émotion triomphe. Cette remise en question intelligente de la figure virile du héros, ce dialogue entre trois générations de garçons, cette façon de faire du doute, de l’erreur, non pas une faiblesse mais un moyen d’accéder à l’autre, plante l’air de rien les graines d’une nouvelle façon de raconter des histoires. La force ne fait pas tout. Parfois, le charme et la douceur l’emportent.

De Don Hall et Qui Nguyen. Avec les voix de Dennis Quaid, Jake Gyllenhall, Lucy Liu… 1h42. Sur Disney + le 23 décembre

 

Note : 4/5

 

 

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