Cannes 2023 : KENNEDY / Critique

25-05-2023 - 14:39 - Par

Cannes 2023 : KENNEDY / Critique

D’Anurag Kashyap. Sélection officielle, Séances de minuit

 

Anurag Kashyap revient au polar et se prend les pieds dans le tapis. Énorme déception.

Loin des luxuriantes fresques bollywoodiennes et des grosses bananes pyrotechnico-burlesques, Anurag Kashyap a eu l’habitude de regarder son pays, l’Inde, au plus près du bitume, au plus près de sa misère, de sa corruption, de sa misogynie, pour des projets violents ou plus ambigus, mais toujours offensifs, nourris par une grande colère. Un regard iconoclaste et rebelle qui ne plaît guère à l’industrie locale et aux autorités. L’amère déception qu’engendre son dernier en date, KENNEDY, est à la hauteur de cette aura. Ancien flic corrompu et violent passé pour mort, Kennedy officie désormais comme tueur à gages pour son ancien patron, préfet à la tête d’un gang de policiers criminels. Alors que le Covid fait rage et rend les affaires plus compliquées, Kennedy va peu à peu entrer en conflit avec son boss… L’intention de Kashyap est claire : dénoncer, encore et toujours, la corruption généralisée – des autorités et des mentalités. Sauf que le cinéaste, généralement incisif, se perd ici dans une intrigue faussement alambiquée artificiellement étirée et une abondance de style un peu usante. Bien qu’il veuille évidemment tirer le portrait de son pays, Kashyap a tendance ici à embrasser des codes de divertissements globaux – le film pourrait être remaké quasiment tel quel aux États-Unis, en Angleterre ou en Corée du Sud – et semble ainsi nier la spécificité et la singularité de son cinéma, qui en font d’habitude tout l’intérêt.

D’Anurag Kashyap. Avec Rahul Bhat, Sunny Leone. Inde. 2h22. Prochainement

 

 

 

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