LOVE LIFE : chronique

14-06-2023 - 09:36 - Par

LOVE LIFE : chronique

L’amour et le couple à l’épreuve de la tragédie. Koji Fukada rappelle qu’il est l’un des grands cinéastes japonais contemporains.

 

Un sentiment diffus d’irréel se dégage du très beau début de LOVE LIFE, comme si ces petits moments de vie – une mère qui prépare une fête mais prend tout de même le temps de jouer avec son fils –, gorgés d’une lumière chaude, baignés dans de belles couleurs vives, ne pouvaient que constituer un bonheur idéalisé. Pourtant, parce que le réalisateur Koji Fukada prend tout son temps pour installer ce bonheur, le spectateur ne peut que l’accepter comme acquis. Si bien que, lorsque survient la tragédie, le choc est total. Sa puissance ne peut évidemment pas concurrencer celle qui dévaste les personnages, mais elle est là. Le cinéaste tient alors son public au creux de sa main. Aucun pathos chez Fukada, néanmoins. L’histoire qu’il raconte, ce drame que l’on ne peut et ne veut accepter (pourquoi le ferait-on ?), cette vie qui doit malgré tout continuer, cette nécessité de ne rien abandonner face au chagrin, se révèle d’une richesse thématique et émotionnelle constamment renouvelée. Chez Koji Fukada, le sens du cadre, précis et discret, remplace toute virtuosité ostentatoire. Les silences sont assourdissants, les images, terrassantes, et la mise en scène, magistrale, comme lors de cette confession en forme de soliloque à un homme qui n’entend pas et du très long plan final, épopée déchirante du quotidien. LOVE LIFE ou la justesse d’un grand cinéaste qui sait dire beaucoup avec très peu.

De Koji Fukada. Avec Fumino Kimura, Kento Nagayama, Tetta Shimada. Japon. 2h03. En salles le 14 juin

Note : 4

 

 

 

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