ÉLÉMENTAIRE : chronique

21-06-2023 - 09:03 - Par

ÉLÉMENTAIRE : chronique

Si ÉLÉMENTAIRE n’a pas la liberté du précédent film de Peter Sohn, LE VOYAGE D’ARLO, il retrouve ce qui en faisait la beauté : la sincérité des émotions.

 

Un couple de Flamboyants débarque à Element City, fondée par les Aquatiques, pour y mener une vie meilleure. Deux décennies plus tard, Bernie et Cinder y tiennent une épicerie qu’ils espèrent léguer à leur fille unique, Ember. Mais ces plans sont bouleversés quand le destin met Wade, un Aquatique, sur le chemin de la jeune fille… Huit ans près le typique récit du « garçon et son chien » dans le splendide VOYAGE D’ARLO, Peter Sohn embrasse à nouveau un schéma classique pour son deuxième long-métrage, ÉLÉMENTAIRE, celui du duo mal assorti, qu’il ne mène pas sur le territoire du buddy movie mais de la romcom. Usant des codes, voire des passages obligés du genre – conflit, rapprochement, déception, amour – , ÉLÉMENTAIRE pourrait se borner à n’être qu’un spectacle attendu. Il se révèle d’ailleurs moins surprenant, moins ouvertement libre que LE VOYAGE D’ARLO qui, dans sa forme et son récit, prenait nombre de chemins de traverse, jouant parfois la carte de la contemplation ou de l’errance poétique. Rien de tout ça dans ÉLEMENTAIRE, davantage balisé, quelque part entre ZOOTOPIE, pour son décor et son world building, et VICE-VERSA, pour l’anthropomorphisation de concepts – ici les personnages représentent les quatre éléments avec un souci esthétique notable, le feu joliment incarné par un rendu de crayonné. Dans ce cadre classique, le premier acte d’ÉLÉMENTAIRE peine parfois à convaincre. Après une très jolie ouverture qui relie le destin de Bernie et Cinder à celui de millions d’immigrés, dont les parents de Peter Sohn lui-même, partis de Corée du Sud pour New York au début des années 70, le récit connaît quelques à-coups, notamment dans ses saillies humoristiques et burlesques, qui manquent de légèreté et d’inédit. Puis, peu à peu, une magie s’installe. Durant la confection d’ÉLÉMENTAIRE, Peter Sohn a perdu ses deux parents. Le film, qui confronte le réalisateur à ses souvenirs d’enfance, rend hommage à leur parcours, à leurs sacrifices et au poids que ceux-ci ont pu faire peser sur ses épaules. Ce cœur dramaturgique très personnel propulse ÉLÉMENTAIRE dans des sphères émotionnelles authentiques où chaque idée, chaque sentiment, apparaît d’une sincérité désarmante. En injectant d’autres éléments de sa vie, notamment son mariage, Peter Sohn bâtit également une fable hautement politique abordant de front la ségrégation et la discrimination. Le personnel, le singulier devient alors universel et permet au réalisateur de partager avec les spectateurs des émotions qui, vers la fin du récit, se font particulièrement puissantes et touchantes.

De Peter Sohn. Avec les voix de Leah Lewis, Mamoudou Athié. États-Unis. 1h42. En salles le 21 juin

Note : 4

 

 

 

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