SING STREET : chronique

27-10-2016 - 12:34 - Par

Après le faux pas NEW YORK MELODY, John Carney se ressaisit avec cet euphorisant teen musical sur fond de pop britannique des 80’s.

singstreet-posterCoincé entre des parents qui ne s’aiment plus et un lycée qui l’ennuie, Cosmo décide de monter un groupe de pop pour impressionner Raphina, une fille sans doute trop belle pour lui. Guidé par les conseils de son grand-frère stoner et aidé par les talents de musicien de son pote Eamon, Cosmo va ouvrir une fenêtre sur son futur… Avec ONCE, le cinéaste irlandais John Carney avait su capter une soif de créer indomptable, avec force sentimentalisme certes, mais aussi une certaine vérité émotionnelle – notamment grâce aux chansons aériennes de Glen Hansard. Après avoir sérieusement dérapé avec le très médiocre NEW YORK MELODY, Carney revient à ses racines irlandaises pour filmer les émois artistiques et amoureux d’un jeune lad de Dublin. Ici, rien de fondamentalement original. Tout est bien balisé, déjà vu mille fois et SING STREET se range poliment dans le genre presque suranné de la comédie sociale à l’anglaise. En toile de fond, la ruine économique dans l’Irlande des 80’s et, pour la jeunesse, la sensation de n’avoir aucun avenir – « Nous sommes tous sous pression, comme le pays tout entier », lance le père de Cosmo à table. L’écriture manque même parfois de rigueur : le récit abandonne en cours de route les comparses de Cosmo et, plus dommageable, la touchante relation – renvoi évident à Lennon & McCartney – qu’il entretient avec Eamon. Le dernier acte déborde quant à lui de sentiments mal maîtrisés. Pourtant, en dépit de toutes ses faiblesses, SING STREET fonctionne à plein, nourri à chaque séquence par son indéniable et communicative sincérité. Avec pour moteur l’énergie gauche d’une bande de jeunes acteurs pour la plupart débutants, SING STREET capte avec simplicité et quelques belles idées de mise en scène ce que nombre de biopics prestigieux n’ont su saisir : l’élan créatif génial de jeunes artistes qui, grâce à leur Art et sans le savoir, se rebellent contre la platitude du monde. Le tout sur une bande-son irrésistible, entre hits indémodables (The Jam, Motörhead, The Cure, Hall & Oates) et chansons écrites pour le film renvoyant à leurs modèles. Dans ces passerelles entre les tubes de véritables groupes et ceux écrits par Cosmo et Eamon réside la trame la plus émouvante de SING STREET – la transmission entre générations. Un propos réifié par la prestation hilarante puis bouleversante de Jack Reynor, plus Seth Rogen que jamais : en grand-frère universel partageant avec son cadet son bon sens musical (« Aucune femme ne peut aimer un mec qui écoute du Phil Collins »), il est l’ancre émotionnelle de SING STREET et confirme tout le bien que l’on pense de lui depuis WHAT RICHARD DID.

De John Carney. Avec Ferdia Walsh- Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor. Irlande. 1h46. Sortie le 26 octobre

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