Cycle WELCOME TO THE BLUMHOUSE : chroniques

13-11-2020 - 11:45 - Par

Cycle WELCOME TO THE BLUMHOUSE : chroniques

Quatre productions Blumhouse sont disponibles sur Amazon Prime Vidéo.

 

 

Evil Eye

EVIL EYE

Sur fond de culture indienne, EVIL EYE place le curseur sur les violence conjugales. L’horreur est domestique.

Hier, pour trouver des petites bandes d’horreur, il fallait se rendre dans son vidéo club. Aujourd’hui, plus besoin de sortir, ils se trouvent sur les plateformes de SVOD. Disponible sur Amazon Prime, EVIL EYE intervient dans le cadre de « Welcome to the Blumhouse », collection de quatre films produits par le célèbre Jason Blum, pour fêter Halloween. Adaptation du livre audio de Madhuri Shekar, lauréate d’un Audie Award, EVIL EYE raconte l’histoire de Pallavi, célibataire au désespoir de sa mère qui tente de lui trouver un mari. Celui dont elle tombe finalement amoureuse ne serait pas le gendre idéal promis. Résumé ainsi, le film d’Elan et Rajeev Dassani aurait plus sa place parmi les téléfilms d’après-midi sur M6 qu’au milieu d’un quatuor horrifique. Pourtant, en ne racontant finalement pas grand chose et déroulant le cahier des charges de la comédie romantique twisté au thriller, EVIL EYE s’inscrit dans l’ère du temps pour offrir un discours clair et appuyé sur la masculinité toxique et les violences domestiques. L’ancrage dans la culture indienne joue à la fois la carte de la diversité et la caution fantastique mais permet surtout d’ajuster le curseur universel des abus dont sont victimes les femmes. S’il n’est pas la plus fine et aiguisée des productions Blumhouse, EVIL EYE trouve sa place dans sa façon d’utiliser des maux de la société pour circonscrire l’horreur dans une veine domestique et quotidienne. G.N.

De Rajeev Dassani et Elan Dassani. Avec Sarita Choudhury, Sunita Mani, Omar Maskati. États-Unis. 1h30. Sur Amazon Prime Vidéo

3Etoiles

 

 

 

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Black Box

BLACK BOX

Débuts très prometteurs pour Emmanuel Osei-Kuffour avec BLACK BOX, film fantastique rappelant l’univers de FRINGE.

Après un accident qui a coûté la vie à sa femme, Nolan (Mamoudou Athie, toujours juste) souffre de terribles troubles de la mémoire. Il a perdu l’œil qui faisait de lui un photographe respecté et il a du mal à être un père présent et attentionné pour sa toute jeune fille. À bout, il consent à participer à une expérience médicale, entre réalité virtuelle et exploitation de l’inconscient – les tenants et aboutissants de la science sont aussi flous pour nous que pour lui. Dans la « boîte noire » où il est censé redevenir lui-même, il se revoit dans des souvenirs qui ne semblent pas être les siens et les visages de ses proches sont effacés. L’étrangeté de ses sensations virtuelles, très bien retranscrites par le réalisateur Emmanuel Osei-Kuffour et le jeu vulnérable de Mamoudou Athie, est contagieuse. D’autant plus quand s’incruste dans ces songes une présence monstrueuse et dégingandée qui plonge le film dans l’horreur. Lorgnant franchement vers la série FRINGE – mais côté cobaye plutôt que côté scientifiques – et plus sagement vers David Cronenberg, ce premier long-métrage manifeste une vraie mélancolie et une sensibilité très moderne chez ce jeune réalisateur américain, formé au cinéma japonais. Il est cependant moins inspiré par le transhumanisme d’un Mamoru Oshii que l’humanisme d’un Kore-eda. Reste un univers singulier qu’il nous tarde de le voir explorer à nouveau. E.S.

D’Emmanuel Osei-Kuffour. Avec Mamoudou Athie, Phylicia Rashad, Tosin Morohunfola. États-Unis. 1h40. Sur Amazon Prime Vidéo

3Etoiles

 

 

 

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The Lie

THE LIE

Veena Sud présente son nouveau projet, un remake d’un film allemand.

Jay (Peter Sarsgaard) conduit Kayla, sa fille (Joey King), à un stage de danse et récupère l’une de ses copines, Britney, sur le trajet. Lors d’une pause, Kayla balance Britney dans une rivière gelée. Jay et Rebecca (Mireille Enos), ses parents, vont alors tenter de la couvrir même si l’enquête se resserre sur l’adolescente. Voilà une histoire qui va comme un gant à Veena Sud : dans THE LIE, il y a de la neige, un crime non élucidé, des flics à qui on ne la fait pas. Sauf qu’à l’inverse de THE KILLING, déjà avec Mireille Enos et Peter Sarsgaard (dans un rôle secondaire), et encore plus que dans SEVEN SECONDS, THE LIE s’intéresse aux fautifs, à ceux qui tentent de se dérober à la loi… Mais sans jamais transiger sur l’humanité ni la force quasi bestiale des liens familiaux. Ce récit narré du côté des coupables ouvre alors la porte à une tentative d’identification pour le spectateur, avec en ligne rouge, la fameuse question : « Qu’aurais-je fait à leur place ? ». Probablement pour commencer, renvoyer dans sa chambre l’adolescente exécrable qu’incarne parfaitement Joey King – Oscar de la tête à claques pour la demoiselle. Libre à nous de juger les choix de ces parents désespérés, qui tirent l’histoire du très crédible au moins tangible. Reste que la puissance de jeu des comédiens nous fait à peu près tout gober. Toutefois, il est possible que vous ayez trouvé la résolution de l’intrigue avant qu’elle ne se dévoile. E.S.

De Veena Sud. Avec Peter Sarsgaard, Mireille Enos, Joey King. États-Unis. 1h37. Sur Amazon Prime Vidéo

3Etoiles

 

 

 

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Nocturne

NOCTURNE

Le film de Zu Quirke n’effraie ni ne surprend, malgré une belle facture.

La rivalité entre sœurs, à l’écran comme dans le récent CARNIVORES, ou derrière la caméra entre les talentueuses Joan Fontaine et Olivia de Havilland par exemple, reste une matière propice aux fantasmes. En particulier pour le cinéma de genre où l’on pousse au maximum les curseurs de ces deux pôles opposés reliés par le même sang. C’est sur ce terrain que joue NOCTURNE, un des quatre longs-métrages lancés cet automne par la société de production Blumhouse. On y retrouve Juliet, une jeune pianiste prodige, élève d’une grande école d’art et éclipsée par sa sœur, tout aussi douée mais à qui tout réussit davantage. La tendance s’inverse quand la jeune femme découvre un mystérieux journal ayant appartenu à une camarade récemment décédée. Il y a quelque chose de BLACK SWAN dans le film de Zu Quirke sans jamais pour autant en atteindre la folie ni la tension paroxystique. Au contraire, cette histoire de pacte avec le diable autour d’un piano frôle l’encéphalogramme d’un épisode de CHAIR DE POULE. Soit trop démonstratif, soit pas assez jusqu’au-boutiste dans son approche de l’horreur, NOCTURNE reste bien trop en suspens, pris entre le teenage movie et le thriller possédé, refusant de sortir des rails. Une déception d’autant plus grande que l’on perçoit une mise en scène soignée, à défaut d’être inventive, et surtout un casting principal très réussi avec en tête Sydney Sweeney (EUPHORIA), toujours aussi ambivalente. P.Q.

De Zu Quirke. Avec Sydney Sweeney, Madison Iseman, Julie Benz. États-Unis. 1h30. Sur Amazon Prime vidéo

2Etoiles

 

 

 

 

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