Cannes 2021 : BONNE MÈRE / Critique

10-07-2021 - 15:40 - Par

Cannes 2021 : BONNE MÈRE / Critique

De Hafsia Herzi. Sélection officielle, Un Certain Regard.

 

Après TU MÉRITES UN AMOUR, Hafsia Herzi continue son exploration d’un cinéma personnel à la lumière aussi naturelle que ses acteurs. 

Alors que BAC NORD s’offre aussi un passage sur la Croisette, Hafsia Herzi vient compléter cette vision violente des quartiers nord de Marseille avec la douceur de son BONNE MÈRE. Pas naïf pour autant, le film raconte le quotidien de Nora, une quinquagénaire, grand-mère de deux petits-enfants, et mère de trois jeunes adultes, dont un est en prison. Dès potron-minet, elle démarre son sacerdoce journalier : préparer le petit déjeuner pour la famille, prendre quinze transports différents pour arriver à l’aéroport exercer son métier de femme de ménage, aider à domicile une vieille dame peu vaillante mais fan de Frédéric François, passer par la case prison puis retourner dans son appartement surpeuplé pour arranger le dîner. Inlassablement, elle répète ce programme sans broncher ou presque, son regard souvent tourné vers le lointain, semblant envier les avions qu’elle nettoie, elle qui est clouée au sol. Après les vagues à l’âme, au corps et au cœur de TU MÉRITES UN AMOUR, la comédienne passée derrière la caméra continue d’explorer un cinéma très personnel et naturaliste. Comme une progression logique, elle quitte sa propre personne, au point de ne même plus être à l’image, pour s’intéresser à celles qui ont participé à sa construction : sa maman et sa ville, qu’Hafsia Herzi ne cesse de mettre en parallèle. Nora comme Marseille sont désolées par les maux qui s’abattent sur elles, au point de frôler une rupture qu’on se plaît parfois à leur souhaiter en silence, pour qu’un nouveau départ soit possible. Mais tels des roseaux de La Fontaine, elles plient mais ne rompent pas, portées par un sens du collectif et du multiculturalisme, leur générosité et leur inhérente sagesse de vieille âme qui en a vu d’autres. En plus de sa géographie, BONNE MÈRE a de méditerranéen, tout comme TU MÉRITES UN AMOUR, ce sens du groupe, des dialogues vifs et emportés qui parfois l’embarquent dans des sous-intrigues inabouties. Mais l’énergie et la gratitude mélancolique que dégage ce double portrait sensible remportent la mise, haut la main.

De Hafsia Herzi. Avec Halima Benhamed, Sabrina Benhamed. 1h39. En salles le 21 juillet

 

 

 

 

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