Cannes 2021 : SERRE-MOI FORT / Critique

14-07-2021 - 21:30 - Par

Cannes 2021 : SERRE-MOI FORT / Critique

De Mathieu Amalric. Sélection officielle, Cannes Première.

 

Après BARBARA et son biopic hypothétique, Mathieu Amalric filme à nouveau une femme au croisement des mondes. Mystérieux et beau à tomber.

C’est l’histoire d’une échappée, c’est l’histoire d’un film qui échappe. Difficile alors d’en dire trop tant la beauté mystérieuse de SERRE-MOI FORT tient du parcours nébuleux d’une femme – et du spectateur – vers une histoire qui refuse de dire son nom. Un matin, une femme part. Elle regarde une dernière fois son mari, ses enfants endormis, pose un mot sur la table et s’en va. Ou pas. Ou presque. Collée à son héroïne fébrile – Vicky Krieps, magistrale – Mathieu Amalric compose un film profondément moderne où les niveaux de récits s’entremêlent entre le fantasme et la réalité, le souvenir et le désir d’une autre vie. D’abord troublé, on se laisse très vite porter par ce flottement étrange du monde, la cacophonie des voix et des sons, le flou des corps. Mais, comme dans ses précédents films, Mathieu Amalric filme l’abstraction par une mise en scène extrêmement physique, incarnée, qui donne du corps aux tumultes intérieurs. Quand, petit à petit, on comprend ce qui se cache derrière cette fuite et ses variations, le film n’en perd pas pour autant sa beauté mystérieuse. Récit douloureux mais constamment solaire, SERRE-MOI FORT raconte alors l’histoire d’une guérison par la fiction et la nécessité finale de s’en délester pour tenir enfin debout. Le cinéma comme façon de raconter d’un seul mouvement tous ces mondes qui existent en nous, qui se chevauchent, se percutent, disparaissent ou nous restent en tête. Jamais théorique, toujours viscéral et pudique, ce drame moderne confirme toute la singularité et la douceur du regard de Mathieu Amalric.

De Mathieu Amalric. Avec Vicky Krieps, Arieh Worthalter. France. En salles le 8 septembre

 

 

SMF1

 

 

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