Cannes 2021 : RETOUR À REIMS (FRAGMENTS) / Critique

11-07-2021 - 13:00 - Par

Cannes 2021 : RETOUR À REIMS (FRAGMENTS) / Critique

De Jean-Gabriel Périot. Quinzaine des Réalisateurs.

 

Jean-Gabriel Périot continue son travail d’archiviste des luttes en adaptant cette fois une partie de l’essai du sociologue Didier Eribon. 

En deux longs-métrages documentaires, UNE JEUNESSE ALLEMANDE et NOS DÉFAITES, et quelques courts, Jean-Gabriel Périot s’est imposé comme un archiviste engagé des luttes, un conteur des révoltes politiques par le prisme de ceux à qui on n’a pas toujours laissé la parole ou que l’on a eu trop vite fait de caricaturer. Donc, lorsqu’il adapte RETOUR A REIMS, l’essai autobiographique à succès de Didier Eribon (publié chez Fayard en 2009), il est dans son élément. L’histoire, celle d’un intellectuel, « transfuge de classe » comme il se décrit, de retour dans son milieu d’origine à la mort de son père, enfin prêt à écouter sa mère retracer l’histoire familiale. Une histoire sociétale de la France se dessine à travers ce parcours personnel, celle de la classe ouvrière, de l’entre-deux guerres jusqu’à nos jours. Pour resserrer son sujet, le réalisateur n’a choisi que quelques fragments de ce récit dense, plus orientés sur la mère de l’écrivain, sur les questions politiques et sociales, laissant de côté toutes les réflexions autour de l’identité sexuelle de l’auteur. Les images d’archives, toujours surprenantes et captivantes, viennent illustrer, et parfois compléter ce qui est scandé dans la voix off assurée par Adèle Haenel. Elles apportent une profondeur nouvelle au texte, souvent réflexive de notre époque et associent des visages et des gestes aux mots qui y trouvent un écho visuel et une émotion décuplée, tout en donnant à des anonymes d’un passé pas si révolu, une puissance évocatrice qui traverse les âges. Tirées de reportages d’époque, de documentaires, de clips de chanson ou de longs-métrages de fiction, elles parlent d’autant plus fort grâce au montage, chapitré, qui en est fait. On regrette sans doute une première partie plus puissante que la seconde, plus brouillonne et moins saisissante. Peut-être aussi parce que la construction douloureuse de cette classe populaire, son rêve d’idéal et son sens de l’unisson s’avère bien plus galvanisante que sa chute et son éparpillement. Mais aussi parce que cette deuxième phase s’éloigne un peu plus du dialogue entre le micro et le macro qu’instaurait avec précision la première. Reste que dans son dernier quart d’heure, Jean-Gabriel Périot rallume une flamme d’espoir avec un regard vers le futur, si ce n’est complètement positif, au moins teinté d’un optimisme bienvenu qui donne bien envie de se retrousser les manches.

De Jean-Gabriel Périot. Documentaire. France. Prochainement

 

1.RàR

 

 

 

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