Cannes 2021 : ROBUSTE / Critique

De Constance Meyer. Semaine de la Critique.

 

Avec ROBUSTE, la Semaine de la Critique s’offre une ouverture tout en douceur avec un Gégé Depardieu en état de grâce. 

Pour son premier long métrage, Constance Meyer s’offre un plaisir. Une vraie friandise de cinéphile : faire tourner un acteur que l’on admire dans un rôle taillé sur mesure pour lui, à partir de lui. Dans ROBUSTE, Georges a tout de Gérard Depardieu : célèbre, pas fan d’Air France, inconstant, endetté, blasé, vieillissant, grande gueule mais pas bégueule. Immense acteur surtout, comme ce moment de grâce que nous offre la fin du film, où sur un plateau de tournage, Georges entame quelques lignes, qu’il a eu bien du mal à apprendre. La magie opère, l’émotion intacte : Georges/Depardieu est divin. Mais surtout Georges est seul. Par choix, lui qui rêve de mourir pour être enfin tranquille, mais cette solitude est surtout une nécessité, un paravent à la douleur. Installer un périmètre de sécurité pour se protéger, tenir l’autre, et donc la possibilité de souffrir à distance. C’est ce qu’il fait, mais c’est aussi le métier d’Aïssa, agent de protection, jouée par Déborah Lukumuena. Elle est chargée de surveiller Georges, façon babysitting. Cette lutteuse talentueuse est, elle aussi, une experte pour garder le monde à bonne distance de son cœur. ROBUSTE raconte la rencontre de ces deux êtres qui ont fini par préférer leur carapace à ce qu’il y a dedans. Constance Meyer filme avec beaucoup de tendresse et de douceur ce télescopage de deux générations, de deux milieux qui partagent une même fêlure anxieuse et se comprennent. Jamais le film ne parvient réellement à décoller, manquant d’un grain de folie, d’un léger déraillement pour faire vibrer complètement la corde du sensible mais ROBUSTE est toujours tendre. C’est assez rare pour être souligné.

De Constance Meyer. Avec Déborah Lukumuena, Gérard Depardieu, Lucas Mortier. France. 1h35. Prochainement