Cannes 2021 : ALI & AVA / Critique

De Clio Barnard. Quinzaine des Réalisateurs.

 

Elle aime la musique country et le folk. Il vit pour le rap, le rock et l’électro. À eux deux, ils vont pourtant créer une petite musique qui va réenchanter la ville de Bradford. Troisième film de Clio Barnard, ALI & AVA retrouve la patte réaliste sociale, si chère à un certain cinéma britannique, de Ken Loach à Shane Meadows, que la réalisatrice avait déjà si bien exploité dans LE GÉANT ÉGOÏSTE. Mais à la violence du déterminisme, elle oppose ici une bluette dissidente entre deux adultes dans la force de l’âge. Ava et Ali n’ont rien pour être ensemble : elle est une quinqua grand-mère et veuve, assistante scolaire vivant dans les quartiers populaires ; lui est le fils quadra d’une famille bourgeoise d’origine indienne, en pleine séparation, qui récolte les loyers pour ses parents propriétaires immobiliers. Des milieux et des cultures différents mais une même bonté innée, un même sens de l’humour et du partage et un même désir de réenchanter leur âme meurtrie. Sorte de Roméo et Juliette du nord de l’Angleterre, Ava et Ali apparaissent comme deux rebelles en lutte contre les stigmates du passé et le conservatisme de leurs environnements respectifs. Tendre, fragile et douce, cette rom-com inattendue au milieu de la grisaille anglaise est comme la bulle du gin tonic qui nous donnerait le courage d’aller danser. Car ALI & AVA est un film très musical. C’est par la musique que nos héros se présentent à nous et l’un à l’autre. Cette musique est le seul langage commun à une ville cosmopolite et hiérarchisée. Qu’elle soit là pour inviter à la découverte, rappeler ceux qui ne sont plus ou comme exutoire, dans tous les cas elle adoucit les mœurs et les heurts. Et redonne des BPM à ceux qui pensaient voir s’éteindre leur cœur.

De Clio Barnard. Avec Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Ellora Torchia. Grande Bretagne. 1h35. Prochainement