Cannes 2023 : PROJECT SILENCE / Critique

23-05-2023 - 08:51 - Par

Cannes 2023 : PROJECT SILENCE / Critique

De Kim Tae-gon. Sélection officielle, Séances de minuit

 

Le survival d’une poignée de personnages cherchant à échapper à des chiens-mutants. Rigolo, bien foutu, mais assez programmatique.

Les effets numériques des grosses bananes sud-coréennes n’ont pas toujours été très réussis et c’est encore parfois le cas aujourd’hui – même si depuis THE HOST, l’industrie travaille ardemment à renforcer le savoir-faire de ses studios d’effets spéciaux, nécessité quand on développe comme la Corée le cinéma de genre. Les chiens-mutants de PROJECT SILENCE sont au final assez proches de créatures de cinématiques de jeu vidéo. En temps normal, dans un autre film, cela demanderait au spectateur une suspension d’incrédulité certaine et ça pourrait clairement le sortir du récit. Mais ici, parce que la quasi-intégralité du film se déroule sur un pont plongé dans une obscurité et un brouillard artificiels, parce que tous les décors sont figés comme dans un post-apo, parce que seulement une poignée de personnages sont jouants, les codes vidéo ludiques, tels qu’on les connaît de « Silent Hill » ou « Last Of Us », sont totalement intégrés à ceux du cinéma. Le film est homogène dans son rendu, c’est le principal. Ces chiens-mutants, une dizaine de cane corso au pelage noir, s’échappent du camion qui les transportait, après un carambolage monstre sur un pont de Séoul. Particulièrement agressifs avec l’Homme, ils créent la panique parmi les personnes bloquées dans l’accident. État d’urgence chez les militaires : ces clebs étaient modifiés scientifiquement et dressés pour tuer en cas de guerre ; il avait été décidé de les euthanasier. Trop tard, les créatures du Project Silence s’attaquent à tout ce qui bouge : une championne de golfe (Park Ju-yun, SEOUL VIBE) et son assistante (Park Hee-von, VACATION), un dépanneur (Ju Ji-hoon, KINGDOM) et sa chienne Jodie, le scientifique qui supervisait le convoi top-secret (Kim Hee-won, SANS PITIÉ), un papi (Moon Seung-keun, SEA FOG) et sa femme souffrant d’Alzheimer (Ye Soo-jeong, DERNIER TRAIN POUR BUSAN) et surtout un conseiller du gouvernement (Lee Sun-kyun, PARASITE) et sa fille (Kim Su-an, BATTLESHIP ISLAND). Le politique, un brin individualiste et paternaliste, joue d’abord au sauve qui peut, mais tiraillé entre son instinct de survie et ses responsabilités de citoyen, il va prendre le destin des survivants en main en attendant des secours… qui tardent à arriver, considéré le caractère sensible de l’accident. Film catastrophe qui interroge, comme TUNNEL ou PANDÉMIE avant lui, l’incapacité du pouvoir à protéger ses concitoyens et débine la corruption, PROJECT SILENCE est aussi spécifiquement coréen dans ses enjeux politiques qu’universel dans les enjeux personnels. On imagine facilement un remake américain tant le film semble vouloir séduire le public international, quitte à transiger sur sa personnalité. D’ailleurs, le message affiché du film n’a rien de local : il plaide pour une bienveillance envers tout le vivant, sous peine de voir le vivant vouloir notre mort. Ce n’est pas si bête et le résultat est franchement amusant.

De Kim Tae-gon. Avec Lee Sun-kyun, Ju Ji-hoon, Kim Hee-won. Corée du sud. 1h41. Prochainement 

 

 
 

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